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LA SYMPTOTHERMIE C’EST SYMP(T)ATIQUE… OU PAS.

Comme j’en ai déjà parlé ici, j’ai décidé de me libérer de toute forme de contraception hormonale. La charge contraceptive incombant encore et dans la majorité des couples hétérosexuels à madame, c’est aussi une façon pour moi d’impliquer mon partenaire dans notre non-désir d’enfant. Après vingt ans de bons et loyaux services auprès des laboratoires pharmaceutiques, je raccroche mon stérilet.

La première fois, c’est ma mère qui m’a emmenée chez son gynécologue pour qu’il me prescrive la pilule. Ce dont je lui suis évidemment fort reconnaissante. Reconnaissante de ne pas m’avoir laissée me torturer des nuits entières pour savoir comment faire pour lui en parler. Reconnaissante qu’elle reconnaisse, accepte et accompagne mon entrée dans la vie sexuelle. Reconnaissante qu’elle m’évite l’éventuel traumatisme d’une grossesse non désirée à l’adolescence. Même si l’on peut discuter de la pertinence de faire ouvrir les jambes à une jeune fille vierge pour la première fois de sa vie devant un mâle inconnu chargé de pénétrer son intimité. Mais ceci est un autre débat. 

Il m’a donc toujours paru évident que la contraception était une histoire de bonne femme. Une histoire de bonne femme avec à sa tête un homme en blouse blanche certes, mais une histoire de bonne femme tout de même. Il faisait donc partie de ma responsabilité de me préserver des désagréments de l’enfantement dans la mesure où je n’avais pas encore décidé de me reproduire. Et à partir de cet instant, à l’instar d’un certain nombre de femmes, depuis l’adolescence, je me suis envoyée, via toutes sortes de procédés différents, des hormones dans le cornet ! 

Ayant donc décidé d’arrêter de me doper, je me suis intéressée à des méthodes naturelles plus respectueuses de la femme et de son environnement regroupées sous le doux nom de symptothermie. Il s’agit d’une sorte de retour aux sources qui mêle la méthode Ogino, la méthode des températures et la méthode Billings. Bien que plus artisanale et demandant un peu d’entraînement ainsi qu’un petit laboratoire d’observation à domicile, c’est le croisement de ces trois méthodes qui rendrait l’histoire aussi fiable que la pilule. 

Petit mode d’emploi de la méthode. Pour la démonstration nous dirons que tu symptothermes pour ne pas enfanter. En effet, tu penses que l’empreinte carbone d’un nouveau petit être est telle, que la planète ne peut pas se le permettre. Mais libre à toi, naturellement, de symptothermer pour augmenter tes chances d’enfanter ! Et de te mettre aux couches lavables pour compenser !

Alors, c’est parti ! 

Accroche-toi à tes poils pubiens parce que le procédé n’est pas toujours aisé à suivre. 

Pour Ogino c’est relativement simple : tu affiches un bô calendrier sur le frigo, tu observes la fréquence des tes menstrues pendant un an. Oui pendant un an. Avant je ne sais pas comment tu fais… Tu t’abstiens. Ou tu pries… Donc pendant tout ce temps, en fonction de la longueur de ton cycle, tu calcules que tu es fertile entre le douzième et le seizième jour avant tes règles. Et là tu écris en rouge, en majuscules et en souligné sur ton calendrier : OVULATION. Ainsi, en rentrant du boulot et avant toute tentative d’approche, l’amoureux est libre de consulter le planning pour savoir si le moment est bien choisi pour dévoiler la turgescence de son phallus ou s’il va plutôt se la mettre derrière l’oreille. 

Exemple : si le calendrier indique que tu en es au quatorzième jour de ton cycle, l’homme debout devant le frigo, dont le regard se pose sur le terme OVULATION, n’aura alors plus qu’à saigner de l’œil, ouvrir la porte du frigo et s’emparer d’une bière fraîche en attendant des jours meilleurs. 

Mais même si cette histoire semble mal emmanchée, pas d’excès sur la picole mon biquet, tout n’est peut-être pas perdu, puisque la méthode, à elle seule, est assez peu fiable. Elle rappelle en cela les prévisions de Météo France qui nous annonce pour la seule journée de demain : soleil, nuages, pluies éparses et orages localisés. Ce qui se traduit en langage Ogino par : « pour la seule journée de demain, ovulation en veux-tu en voilà ! Ou pas. Mais peut-être bien que si quand même… Même s’il se peut que non… Ou une toute petite… Mais ça reste à confirmer… »

D’autant que si tu as des cycles irréguliers, là il faut avoir fait Maths Sup – Maths Spé. Si c’est ton cas, le calcul est le suivant : nombre de jours de ton cycle le plus long moins dix-huit puis + nombre de jours de ton cycle le plus court moins onze, divisé par vingt-huit moins la racine carré de huit multiplié par pi. Et pi à nouveau : tu pries !

Donc pour ne pas remettre uniquement l’avenir de ton utérus entre les mains de Dieu, il est conseillé de coupler Ogino avec la méthode des températures. Et là c’est un poil plus complexe. Mais ça reste une méthode collaborative puisque tous les matins, c’est le même rituel au réveil : tu te mets sur le ventre, l’homme t’insère un thermomètre qui indique un résultat à deux décimales après la virgule, et il note ton score dans le tableau « courbe des températures » qui est accroché sous le tableau « Ogino ». Sur le frigo, donc. 

Que le thermomètre soit en mesure d’indiquer deux décimales après la virgule est absolument essentiel car les variations de température de la femme qui ovule sont assez subtiles. Il aurait donc été plus juste que Béatrice Dalle joue dans un film appelé « 37,28° le matin ». Mais aurait-elle eu le même succès ? That is the question ! Bref, si une hausse de température allant de 0,2 à 0,4 degrés pointe le bout de son nez, c’est confirmé : madame ovule. Donc pas le moment pour l’amoureux de remplacer le thermomètre à deux décimales par son propre thermomètre à moustache. 

Mais, à ce stade, notons que Monsieur en a quand même très envie, que Madame n’est vraiment pas contre et que Ogino + Températures n’est pas un combo assez fiable pour prendre une décision définitive en la matière. Et la matière, il va y en avoir grâce à notre troisième procédé qui scellera définitivement les projets sexuels de ton couple pour aujourd’hui. J’ai nommé : la méthode Billings. Dite méthode d’observation de ta glaire cervicale. Alors non, ce n’est pas un truc qui te sort des os du haut du dos, ni de ton nez, ni de tes oreilles. Non. C’est juste une sécrétion produite par les glandes du col de l’utérus. Une sorte de morve de chatte si tu préfères. Non, tu ne préfères pas ? Ah bon ! En tout cas c’est ça que tu dois observer tous les matins. Et un peu de respect pour la glaire cervicale parce que c’est elle qui bloque l’accès aux spermatozoïdes en dehors de l’ovulation, c’est elle qui les protège en temps d’ovulation et c’est encore elle qui leur donne l’énergie nécessaire d’aller jusqu’à l’ovule le cas échéant. 

Le jeu c’est de choper sa glaire à mains nues et de déterminer si c’est filant, fluide, élastique, brillant, transparent ou non…

Toi : chéri ? À ton avis c’est filant ? 

Chéri : je ne sais pas trop, mets-toi à la lumière pour voir ! Non, je dirais que c’est gluant.

Toi : tu trouves que c’est gluant toi ? Moi je dirais visqueux. 

Chéri : non visqueux c’est pas ça. Là, c’est gluant.

Toi : va pour gluant mais est-ce que c’est élastique ? 

Chéri : faut essayer. Prends-la par en haut et recule, je tiens l’autre côté. Lâche pour voir ! 

Toi : je ne peux pas ça colle. 

Chéri : oui mais là on est à un mètre de distance donc on peut dire quand même que c’est élastique non ? 

Toi : oui c’est élastique. Mais du coup ça veut dire quoi ? Je ne sais plus si ça veut dire que j’ovule ou que j’ovule pas. Passe-moi le téléphone que je regarde. 

Chéri : j’peux pas, j’ai les mains pleine de glaire.

Toi : prends-le avec les coudes. 

Chéri : tiens. 

Toi : merci. Ah merde moi aussi j’ai les mains pleines de glaire. Bon. Ok Google quelle est la  consistance de la glaire cervicale pendant l’ovulation ?

Ok Google : la glaire cervicale, au moment de l’ovulation, doit être élastique brillante et transparente. 

Toi : ah donc j’ovule ! 

Ok Google : elle a alors la consistance d’un blanc d’oeuf. 

Chéri : euh… Tu trouves qu’elle a la consistance d’un blanc d’oeuf ? 

Toi : non, pas trop. Enfin si peut-être… Je ne sais pas… Il nous reste des oeufs ? 

Chéri : oui.

Toi : tu peux en prendre un avec les coudes ? 

Bruit de l’oeuf qui s’éclate sur le sol. 

Chéri : visiblement, non…

Toi : attends ! Viens voir, on dirait du blanc d’oeuf quand même.

Chéri : oui enfin du vieux blanc d’oeuf. 

Toi : parce que t’as déjà vu du vieux blanc d’oeuf toi ? 

Chéri : bah non mais j’imagine. 

Toi : moi je te dis qu’on dirait du blanc d’oeuf. Ferme les yeux. 

Chéri : quoi ? 

Toi : ferme les yeux je te dis. Tu peux les rouvrir. Alors ? À ton avis sur quelle main j’ai du blanc d’oeuf et sur quelle main j’ai de la glaire ? 

Chéri : euh… 

Toi : ah tu vois ! Donc j’ovule !

Chéri : bon, ok ! On a mis où les capotes au kiwi ?

Toi : dans l’armoire de la salle de bain mais de toute façon je ne sais pas pourquoi tu les as achetées, je suis allergique aux fruits exotiques…

Chéri : ah bon? Pourquoi tu ne me l’as jamais dit ? T’es allergique comment ?

Toi : allergique je gonfle, j’étouffe, et je meurs.

Chéri : mais pourquoi on les garde alors ?

Toi : je ne sais pas… Au cas où…

Chéri : au cas où quoi ? Au cas où tu aies envie de te suicider ? 

Toi : bon de toute façon je n’ai plus trop envie là…

Chéri : de te suicider ?

Toi : non de faire l’amour…

Chéri : ah bah moi non plus !

Toi : olalala c’est un enfer à nettoyer l’oeuf sur le parquet, ça glisse.

Chéri : oui mais t’as vu c’est marrant le blanc d’œuf on dirait de la glaire cervicale en période d’ovulation.

Toi : très drôle. Bon, je prépare une omelette, tu en voudras ?

Sinon depuis 1979, une contraception masculine non hormonale, le RISUG en est au stade III des essais clinique. C’est un gel qui est injecté dans les testicules pour inhiber les spermatozoïdes. L’opération prend quinze minutes, est efficace dix ans à quasiment cent pour cent et réversible à tout moment. 

J’dis ça, j’dis rien… 

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