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SPÉCULUM CLOUTÉ, VASECTOMIE ET PRÉSERVATIF AU KIWI !

Voilà plusieurs minutes que, tel un mâle suricate à l’affût d’une femelle en période de reproduction, je cherche une femme près de chez moi ! En effet, je guette sur Doctolib un créneau disponible auprès d’une spécialiste de la foufoune, qui exercerait à moins de dix kilomètres de mon domicile. Pas pour me sentir moins seule donc, mais pour me faire frottiser le minou à grands coups de coton-tige géant inséré dans un bec de canard. Lui-même inséré là où il se doit. Autant te dire qu’à ce moment précis de l’histoire le plaisir est nul. Zéro. Rien. Nada. En même temps je ne suis pas venue pour ça, c’est vrai.

Bref, je trouve finalement assez rapidement une professionnelle qui propose toute une série de rendez-vous pour l’après-midi même. Ce qui a tendance à m’inquiéter un peu lorsque l’on sait que le délai moyen pour obtenir une consultation chez un·e spécialiste s’élève à plusieurs mois, voire plusieurs années chez les plus renommé·es ! Evidemment dans le moteur de recherche j’ai coché la case « rendez-vous dans la journée » et quand je trouve mon rendez-vous dans la journée, je me dis que c’est louche. Si cette femme a des disponibilités si rapidement c’est forcément qu’elle utilise un spéculum clouté trempé dans de l’arsenic ! Et je retourne voir les fiches de toutes les autres praticiennes qui n’ont aucun rencard à me proposer avant 2024 en me disant que, quand-même, elles, rien qu’à leur photo de profil, je peux déterminer qu’elles ont l’air moins barbares.

Bref, je me raisonne : après tout, c’est quand même plus de dix ans d’étude pour en arriver là. J’imagine que la dame doit connaître ses basiques. Je ne viens pas non plus pour une triple torsion de l’ovaire qui se serait emmêlé avec le gros côlon. Non, j’y vais pour un contrôle de routine. Quand bien même la dame n’aurait pas obtenu son diplôme avec mention, ça devrait le faire.

Je me présente donc devant une inconnue, relativement jeune, enjouée et sympathique. Je passe à la pesée, je passe sur mes antécédents et évidemment, à un moment, se pose la question de la contraception. Je ne prends plus aucune contraception depuis des années comme j’en parle aussi ici. Je ne me souviens même plus depuis combien de temps j’ai arrêté de me gaver d’hormones. Je ne me souviens même plus en avoir pris la décision. Je crois que ça date du temps où, en couple, nous avions rayé de la carte les territoires érotisme et rapport sexuel. Et par là-même le territoire contraception. 

Mais bien entendu avant cela j’ai pris la pilule.

Et connu une accélération de la fréquence de mes crises de migraine. 

J’ai alors essayé la pilule micro-dosée et découvert qu’il est possible de saigner vingt-huit jours sur vingt-huit.

J’ai essayé le patch et découvert que les crises d’acné ne sont pas uniquement réservées aux adolescentes. 

J’ai essayé la pilule micro-dosée nouvelle génération et j’ai vu ma libido retomber brutalement.

J’ai essayé le préservatif au kiwi et j’ai vu des dizaines de verges turgescentes retomber brutalement. 

J’ai essayé l’anneau vaginal et pris cinq kilos sans raison. 

J’ai vu des copines se vider de leur sang dans d’atroces douleurs après la pose d’un stérilet : cuivre ou hormone choisis ton instrument de torture.

J’ai vu des copines se tâter nerveusement le bras à l’endroit de l’implant contraceptif pour vérifier que celui-ci n’a pas migré dans l’artère pulmonaire, ce qui ne serait pas du tout sa place et potentiellement mortel.

Finalement entre maux de tête, nausées, acné, prise de poids, saignements à n’en plus finir, douleurs abdominales, dépression et autres conséquences désastreuses de la stérilisation féminine, il reste peu de place pour le désir et l’acte sexuel. C’est sans doute la raison pour laquelle ces méthodes sont reconnues comme étant efficaces ! Moins tu baises, moins tu risques de tomber enceinte ! Élémentaire !

Sans oublier que j’ai dû dépenser en vingt ans, aux alentours de quatre mille euros en contraceptifs de tout genre. Budget supporté seule, quelque soit ma situation amoureuse. La question financière du partage du coût de la contraception a toujours paru complètement incongrue aux hommes qui ont partagé ma vie. En quoi cela les concernait-il ? Ce ne sont pas eux qui risquent de tomber enceinte après tout. Chacun sa merde. Qu’on les laisse se contenter de tremper leur quéquette sans avoir à ce soucier d’une éventuelle descendance. C’est bien le minimum que l’on puisse faire pour eux, non ?

Mais revenons dans le cabinet de notre gynécologue qui, à ce stade, n’a pas encore sorti son spéculum clouté ! Ouf ! Car entre femmes, je suis certaine que nous allons nous comprendre. Voici donc la retranscription du court dialogue entre la gynécologue et ma petite personne venant d’annoncer que je ne prenais pas de contraception. En toute sororité.

– Donc vous ne prenez pas de contraception ?

– Non. 

– Ah vous voulez un enfant ?

– Non.

Consternation à peine dissimulée de la femme médecin.

Puis une idée la traverse qui semble la soulager :

– Ah… mais vous n’êtes pas en couple ? 

– Si.

– …

– …

– …

– …

Ça commence être un poil longuet ce silence, là. Limite malaisant.

– …

Et puis cette phrase de la doctoresse qui brise enfin le silence : 

– Mais comment vous faîtes ?

Alors, j’ai longuement hésité à lui répondre qu’avant chaque rapport je faisais des bains de pied au bicarbonate de sodium tout en me confectionnant des suppositoires vaginaux à base d’huile d’olive et d’excréments d’éléphant, que je ne manquerai pas de m’insérer là où il faut à la moindre érection de l’être aimé. 

Je me suis tâtée à lui rétorquer que j’avais remis au goût du jour l’infanticide. Méthode on ne peut plus naturelle pour se débarrasser d’un enfant non désiré. Évidemment cela peut paraître un poil brutal à certain·es mais il faut se dire que c’est vraiment une question d’époque. Dans la Grèce Antique par exemple, le père attendait quelques jours avant d’annoncer publiquement s’il fallait ou non conserver son enfant. Le couple avait donc le choix soit de le conserver vivant soit de le conserver dans du formol. Et ça ne choquait personne. Enfin, je n’étais pas là pour vérifier… Cela dit, encore aujourd’hui en Inde, si le bébé naît de sexe féminin, ça ne scandalise pas grand monde non plus que cette petite fille en puissance termine sa vie au moment même où elle allait la commencer en se faisant étouffer par un oreiller. Ou par du sable.

J’ai donc longuement hésité entre parler des bains de pieds ou parler des meurtres de bébés mais je me suis décidée pour :

– Comment je fais ? Mais je me fais exclusivement sodomiser !

– Comment ?

– Je disais : j’en profite pour explorer ma sexualité. 

Et pour faire oublier cette sortie extrêmement vulgaire de ma part, me voilà partie dans des explications à n’en plus finir sur la nécessité d’en finir avec la sexualité phallocentrée et la nécessité de se libérer du diktat de l’orgasme en explorant une autre forme de plaisir dans laquelle l’éjaculation ne sonnerait pas le glas du rapport sexuel et ne serait d’ailleurs pas systématiquement une composante de l’acte. Mais malgré tout, lorsque cela arrivait, au moment de jouir, mon homme pensait très fort à sa mère ce qui lui permettait de retarder l’éjaculation des quelques secondes nécessaires pour ne pas propulser ses gamètes à l’intérieur de mon utérus. 

Je me suis néanmoins gardée de lui rappeler que le « coïtusse interrompusse » comptait, selon l’O.M.S, environ vingt-sept pour cent d’échec. Mais quatre pour cent en théorie. Mais vingt-sept en pratique. Je me demande comment ils font leurs enquêtes à l’O.M.S. Ils doivent poster un agent dans chaque chambre à coucher qui zieute le spectacle et… « oui c’est formidable ! C’est une grande victoire pour Bernard qui s’est retiré d’un puissant coup de rein alors que sa compagne n’avait pas encore joui… Quelle précision dans le geste… Quelle beauté dans l’action ! » et il inscrit un bâton dans la case « réussite ».

En attendant je regarde la tête de la gynéco qui semble amèrement regretter sa question.

J’ai conclu cette diatribe qu’elle n’avait pas sollicitée, par un : « cela dit, si cette méthode ne convient pas à Monsieur, je lui ai déjà parlé de vasectomie, la balle est dans son camp… »

Elle m’a regardée comme si j’avais trempé mon vieux stérilet dans sa tasse de café avant de lui enfoncer mon tampon usagé dans la narine droite.

Je découvre qu’employer le terme « vasectomie » dans le cabinet de ma gynécologue scelle définitivement mon statut d’épouvantable féminazie. En osant effleurer l’idée que, l’existence d’une contraception masculine démocratisée pourrait, au même titre qu’un congé parental aussi long pour les papas que pour les mamans, jouer en faveur du rétablissement d’une certaine égalité hommes-femmes, je me suis mue en une démoniaque misandre.

Alors que, loin de moi l’idée de penser que les hommes ne se préoccupent pas de contraception. Au contraire ils s’en préoccupent depuis la nuit des temps de la contraception. Féminine. Et ils ont pondu en fonction des siècles et des parties du globe dans lesquelles ils sévissaient tout un tas d’injonctions à l’égard de la femme, de la contraception et de la maternité. Ils ont dû oublier qu’ils étaient responsables pour moitié en cas de fécondation. Il me semble pourtant que l’équation : pas de sperme = pas de grossesse est assez simple à conceptualiser. Ça n’a pas toujours été aussi clair dans les esprits évidemment mais la période où l’enfantement restait un mystère aux yeux de l’espèce humaine est tout de même relativement lointaine. Et puisque ces hommes se penchent sur la contraception, pourquoi ne se penchent-ils pas sur leurs propres organes reproducteurs ? Organes qu’ils n’ont eu de cesse de mettre en avant pour prouver combien le sexe faible était faible. Parce que j’dis ça, j’dis rien, mais l’homme est fécond trente jours sur trente. La femme seulement vingt-quatre heures dans le mois. Ce n’est pas elle qui fait prendre le plus grand risque.

Attention, je ne remets pas en cause l’avancée extraordinaire que représente l’arrivée de la pilule et le rôle qu’elle a joué dans la libération sexuelle des femmes. Je constate simplement que la contraception devient aujourd’hui une injonction de laquelle un nombre croissant de femmes veulent se libérer, revendiquant une responsabilité hommes-femmes plus équitable en la matière. Et il me semble, d’un autre côté, qu’un certains nombres d’hommes auraient aimé pouvoir éviter le fameux « enfant dans le dos » et profiter d’un bon week-end escalade entre potes plutôt que de devoir payer une pension alimentaire.

Pour plus d’égalité donc concernant cette charge contraceptive, je préconise, par exemple, de susurrer à l’oreille de l’homme avant l’acte sexuel : « oh oui j’ai envie de toi mais je te préviens je n’ai aucun moyen de contraception, j’espère que tu fais partie des moins de un pour cent des hommes français qui ont eu recours à la vasectomie ». Au cas où, je te conseille quand même d’avoir prévu les capotes ! En revanche si tu as séduit un britannique ou un hollandais, la probabilité qu’il te réponde « mais bien sûr que je suis vasectomisé » augmente considérablement puisque dans ces contrées presque un homme sur cinq y a eu recours. 

Mais à la décharge de ce pauvre homme, actuellement dans ton lit, prêt à te faire vivre, peut-être, ta plus belle nuit d’amour et qui est tombé sur l’affreuse castratrice que tu es, il est honnête de préciser que, même s’il était très motivé pour s’occuper de sa propre contraception, le champ des possibles, en ce qui le concerne, n’est pas infini. De nombreux essais cliniques de contraception masculine ont été désapprouvés par les Agences de Médicaments à cause d’effets secondaires trop importants. Effets secondaires dont la liste figure sur les notices de n’importe quelle contraception féminine. Vais-je être taxée d’extrémiste si je pose la question de savoir si on ne serait pas plus regardant sur la santé et la survie de ces messieurs que sur celles de ces dames ? 

L’homme peut néanmoins choisir de s’injecter une fois par semaine un produit à base de « énanthate de testostérone » pour mettre le ola à sa production de spermatozoïdes. La méthode est validée par l’O.M.S mais la difficulté consiste à mettre la main sur un des deux seuls médecins à prescrire ce type de contraception. Alors que le procédé a été testé avec succès sur mille-cinq-cents hommes. Je me permets de poser le chiffre suivant en comparaison : la pilule a été prescrite à des milliers de femmes après des essais cliniques sur deux cents d’entre elles. Oserais-je demander si le monde médical ne serait pas plus regardant sur la santé et la survie de ces messieurs que sur celles de ces dames ?

Mais si l’intraveineuse hebdomadaire d’« énanthate de testostérone » ne tente pas l’homme pourtant courageux qui partage ta vie, voilà donc une autre méthode cent pour cent naturelle : la contraception thermique. Elle anéantit la production de spermatozoïdes en provoquant une canicule testiculaire et se manifeste sous forme de slip chauffant. L’idée du slip chauffant c’est de faire passer pénis, testicules et scrotum au travers d’un anneau pénien afin que les testicules n’aient plus de place dans les bourses et remontent naturellement dans le corps. Corps dans lequel la température est de trente-sept degrés alors que, bizarrement, la température est plus fraîche au Sud. On est donc sur du « remonte- couilles » et pas sur de la chaufferette qu’on glisse dans son manteau en haute montagne ! Aucun risque donc de se retrouver à se balader en plein décembre au bras d’un homme au visage cramoisi et transpirant des aisselles. Sauf s’il sort de la salle de sport mais dans ce cas-là, aucun rapport avec son slip ! Bref, au bout de trois mois et si le slip est porté quinze heures par jour, sept jours sur sept, l’homme devient stérile. 

Et au premier qui argumente que ça ne doit pas être confortable, je lui réponds que soutien-gorge, string, talons et épilation intégrale du maillot ne le sont pas vraiment non plus. Et que risquer une thrombose ou un cancer du sein pour se protéger de la procréation, encore moins. Certes il ne faut pas oublier de mettre un slip le matin au risque de foutre en l’air tout le processus de destruction des spermatozoïdes. Mais à mon avis, rien d’impossible ! 

C’est en Inde, qui ne me semble pourtant pas être un pays pionnier en matière d’égalité des sexes, que l’on trouve une autre piste concernant la conception masculine non hormonale : le RISUG. Qui en est au stade III des essais cliniques (sur IV). Comme notre vaccin anti-Covid finalement. Il s’agit d’un gel qui, injecté dans les testicules, inhibe les spermatozoïdes. L’opération prend quinze minutes, semble efficace dix ans à quasiment cent pour cent et réversible à tout moment. Franchement ça fait rêver ! Si on ajoute que cette méthode a été créée en 1979, on peut se demander : mais alors, pourquoi les femmes continuent-elles de subir les effets dévastateurs de certaines contraceptions ?

Et pour en revenir à la vasectomie qui est présentée comme étant une opération irréversible mais qui dans les faits est réversible à quatre-vingt pour cent, j’ai récemment entendu un homme objecter à ce sujet : « je ne suis pas contre mais j’ai trop peur d’avoir mal… » Donc si je vais au bout du raisonnement du monsieur : tu préfères clairement que ce soit ta femme qui subisse tous les mois les douleurs décuplées des symptômes pré-menstruels dûs à la prise de pilule ? Parce que toi tu as peur d’avoir mal pendant un jour ou deux ? Et si tu mets ta femme enceinte, tu n’as pas peur qu’à un moment elle ait mal ? Par contre si tu restes debout en face de moi, je te conseille de faire très attention parce qu’effectivement tu risques une stérilisation artisanale par coup de pied circulaire dans la zone testiculaire…

Tout ça pour vous dire que j’ai obtenu un rendez-vous avec une femme près de chez moi en moins de vingt-quatre heures et je vous rassure le spéculum n’était pas trempé dans l’arsenic. En revanche le poison se cache encore bien trop souvent dans les jugements culpabilisants aux relents de patriarcat du corps médical à l’égard de ses patientes. C’est toujours violent de se faire traiter d’irresponsable quand on demande juste un peu plus d’égalité…

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