L’ART DE LA SÉDUCTION À L’INTENTION DE CES MESSIEURS

L’art de la séduction à l’intention de ces messieurs.

Quoi de mieux qu’un bon confinement pour faire émerger de soi quelques talents ? Se mettre au yoga, apprendre une nouvelle langue ou parfaire son art de la séduction en attendant le déconfinement. Et concernant cette dernière évocation, l’art de la séduction, les sites, exclusivement à l’intention de ces messieurs, sont délicieux. Naviguez de pages en pages, la bite le nez au vent, et laissez vous surprendre. Par cet article par exemple intitulé « Les sujets de conversation pour faire rire une fille ». Pas une femme, hein ? Une fille…

Ne me demandez pas comment j’en suis arrivée à consulter cette petite merveille moyenâgeuse mais vraiment je me suis régalée. 

L’article pondu par ce gourou de la séduction a failli s’appeler « achète ma formation en ligne à 2000 boules pour te faire croire que tu vas ken tous azimuts » et puis finalement il lui a préféré « les sujets de conversation pour faire rire une fille ». 

Alors ce Roi de la Drague, cet Empereur de l’Attraction, ce Prince de la Conquête ne se mouille pas trop quand même (bien que dans ces circonstances ça ne soit pas à lui de le faire…) en nous assénant que pour séduire une femme l’idéal serait de la faire rire. C’est quasiment aussi audacieux que d’affirmer que « C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes » et que « femme qui rit à moitié dans ton lit ». À moitié seulement. À ce sujet j’aimerais vraiment savoir où se planque l’autre moitié de la femme. La première moitié étant dans ton lit, la seconde aurait glissé sur ta descente de lit ? Mais alors de quelle moitié s’agit-il ? Si c’est la moitié basse qui se retrouve par terre c’est pas génial mais passe encore, mais si la dame a le cul sur le lit et la gueule par terre, avouons que pour un premier rendez-vous c’est pas Jojo. Je comprends parfaitement qu’on ne soit pas contre une bonne levrette mais ce n’est pas incompatible avec un minimum de confort. Mais pour être honnête, ce qui m’inquiète réellement c’est si l’autre moitié de la dame est restée dans la cuisine ou pire si elle attend bien sagement dans le congélateur la prochaine réunion de famille pour finir en ragoût. Ce qui pourrait alors poser la question du consentement de la fameuse dame. 

Mais en attendant ce prochain rassemblement familial, je voudrais m’attarder une minute sur l’image illustrant cet article des « sujets de conversation pour faire rire une fille ». Car elle est délicieuse. L’image. Pas la fille. Il s’agit de la photo d’une saucisse knacki. Hilare. Je vous laisse un temps pour la visualiser. La knacki donne l’impression de s’être pris ses pieds de saucisse dans l’ouverture de son sachet juste avant de faire une déclaration importante. Mais, pas bégueule, la knacki nous gratifie d’un immense sourire de saucisse. Presque d’un rire de saucisse. Une grande bouche sous deux grands yeux de saucisse à l’air étonné au moment de la chute. D’ailleurs rien d’étonnant à ce qu’elle soit étonnée, il doit être relativement rare pour une saucisse de chuter de la sorte. 

J’en conclus, puisque la photo est choisie pour illustrer l’article, que la saucisse c’est la fille et que c’est le résultat que l’on cherche à obtenir c’est une fille saucisse qui rit. « Mais non, vilaine féministe pourquoi la saucisse serait la fille, tu vois du sexisme partout, la saucisse, aliment phallique s’il en est, représente le mec qui se marre content de son sujet de conversation qui a fait rire la fille ». Je ne sais pas quel est le pire. 

L’idée de ridiculiser le pénis de l’homme peut éventuellement amuser un certain type de femmes mais je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure porte d’entrée pour la séduction. Je me souviens avoir essayé un jour dans un élan post-orgasmique de prendre le sexe de mon partenaire et de le faire parler genre marionnette pour dire tout le bien qu’il pensait de ma chatte. Bon. Le mec m’a fait faire un vol plané à travers la pièce. Heureusement que la fenêtre était ouverte, j’ai pu atterrir dans un arbre  ! Je dois avouer que ça n’avait vraiment amusé personne et que je ne l’ai jamais refait. Quelques années après je ne sais toujours pas ce qu’il m’a pris ce jour-là. J’imagine l’inverse : « avec tes lèvres tu vas bien nous dire quelque chose ». Bof. La seule chose que ma chatte n’ait jamais dite c’est pffffff. Enfin elle ne l’a pas vraiment dit, hein ? Elle l’a fait. Oh ça va ! Ça rentre, ça sort, ça laisse passer un peu d’air, ça fait ventouse et pfffffrout. Quelque fois pffffffrouououte. Et quelques fois encore le lendemain matin. Alors que tu demandes à l’amoureux une petite minute pour te rafraîchir et que tu quittes la chambre avec une démarche de panthère pour aller discrètement soulager ta vessie, et sans que tu ne puisses rien maîtriser, tu ne l’as même senti venir et c’est le pfffffrout. Alors que tu avais prévu juste un tout petit pipi avant de remettre ça frénétiquement au réveil. Et là, dans la mesure où les toilettes sont attenantes à la chambre, tu te sens obligée d’expliquer que t’as pas pété, hein ? Enfin pas vraiment pété, c’est juste de l’air qui est sorti. 

Oui tu le sais que de l’air qui sort du corps ça s’appelle péter, mais là c’est de l’air propre. 

Oui tu sais que c’est jamais sale de l’air mais là c’est de l’air qui n’a pas été fabriqué par le corps si tu veux, c’est de l’air qui est entré subrepticement de l’extérieur, hein ? 

Écoute fais un effort, c’est de l’air qui est entré par inadvertance parce qu’à un moment tu t’es trop reculé avant de ré-entrer et ça a laisser la place à l’air de se faufiler et comme il n’a rien à faire là faut bien qu’il ressorte parce que… 

Et là, comme tu commences à t’énerver et à t’agiter ça fait à nouveau pfffffrout et repfffrout et ça commence à devenir carrément gênant. 

Hein ? Oui voilà c’est des pets de chatte. Qu’est ce qu’il y a ? Pourquoi tu te marres comme une baleine. Non, c’est bon laisse moi j’ai plus envie, de toute façon j’ai du boulot. Et tu quittes la chambre en te drapant dans ta dignité tandis qu’un énorme pfffrououout accompagne ta sortie.

Tout ça pour dire que je ne suis pas certaine qu’il soit très pertinent de faire confiance à un type qui choisit une illustration de saucisse hilare bon marché pour nous expliquer comment faire rire une fille. Si vraiment il tenait à la métaphore charcutière de son propos, il aurait pu nous proposer de la qualité : au minimum une Morteau joviale ou une Francfort rieuse. N’oublions pas qu’il n’y a rien de pire qu’un rot qui sent le cochon au premier rendez-vous. Ni au cinquième d’ailleurs. N’essayons pas de savoir à partir de combien de rendez-vous c’est acceptable. Le rot aux effluves de cochon pas digéré est inacceptable même après dix ans de mariage. D’ailleurs c’est indiqué dans le contrat de mariage : les époux se jurent fidélité, assistance et de ne pas se rôter le cochon au visage. 

Cette petite digression nous ayant mis en appétit, sans attendre entrons dans le vif de la choucroute. Car je sais que vous trépigniez d’impatience : mais quels sont ces sujets de conversation hilarants ? 

Ce succulent auteur nous assure donc que l’on peut rire de tout et témoigne : « j’ai passé des premiers rendez-vous incroyables à parler de pédophilie avec une jeune femme normande » . Là où ils ont le plus ri a sans doute été ce moment tordant où la jeune fille originaire de Normandie a avoué, à genoux et la bouche pleine, n’avoir que huit ans…

Et de rire… et de rire… rendez-vous après rendez-vous !

Il précise quand même que cet exercice est réservé à des habitués, sous-entendant « ces rendez-vous sont réalisés par des professionnels de l’humour, ne reproduisez pas ça chez vous ». Heureusement pour le néophyte, le monsieur tout le monde, il est possible,pour séduire une jeune donzelle de :

– rire de la politique

Même s’il est précisé que, je cite : « rares sont les femmes qui s’intéressent à la politique ». 

Tu vois, ça ne servait à rien de leur filer le droit de vote à ces morues, seuls leurs ongles les captivent. Cependant si le célibataire en chasse tombait sur une femme à qui la politique ne serait pas étrangère et qui se cultiverait par dessus le marché, notre homme de charme s’exclame : « gardez-là, celle-ci. Point d’exclamation ! » Alors là, le problème mon coco, est que si tu tombes sur une femme cultivée, la probabilité qu’elle aille au bout du premier date avec un type qui lit des blogs de conseils en séduction comme le tien et qui met en application les dit-conseils, est très, très, très faible. Finalement, heureusement que la femme cultivée semble aussi rare que les cerises en plein l’hiver. 

Mieux vaut donc alors : 

– rire des people

Avoir une conversation de salon de coiffure semblerait donc se présenter comme une option séduisante. Et permettrait se « sexualiser la conversation ». Sachant que pour notre expert en séduction « sexualiser la conversation » consiste à se demander de concert si dormir à deux c’est mieux que seul·e ou aller aux toilettes à deux c’est mieux que seul·e ? Vous avez quatre heures. « Oh tu as vu Jennifer Aniston a quitté son mec. Tu crois que c’est parce qu’il se regardaient chier ? » Et bam ! Sexualisation de la conversation !

Et on peut aussi selon notre auteur :

– rire de soi

Et là je suis relativement d’accord. Il n’y a rien de plus ennuyeux que les gens qui n’ont aucun recul sur eux. Mais. Parce qu’il y a un mais… Voici ce que propose notre docteur es séduction comme plaisanterie pour entrer en matière :

— Bonsoir, je m’appelle Cupidon, et j’ai un micro-pénis. L’une des deux infos est un mensonge. 

Moi un type m’aborde comme ça, la seule chance qu’il a, c’est de repartir avec sa paire de couilles en boucles d’oreilles. Mais stupéfaction lorsque je lis dans les commentaires « moi après micro-pénis je rajoute toujours, je bande mou et je suis à découvert le six du mois » et le même type de préciser :  « l’humour ça marche mais uniquement quand c’est drôle ». Du coup, t’es seul en ce moment, non ? Un autre commente « j’aime beaucoup, je fais peu ou prou la même chose ». Du coup toi aussi t’es peu ou prou seul en ce moment, non ? Je suis extrêmement surprise que notre plume experte en séduction et en humour n’ait pas conseillé le fameux « Salut, tu es un peu pâle, non ? Tu veux que je te prenne la température avec mon thermomètre à moustache ? » Histoire de sexualiser rapidement la conversation. La fille répondrait « Oui c’est sympa je me sens un peu fébrile ce soir » et elle baisserait sa culotte et tendrait les fesses pour se faire sodomiser. Je pense que ça peut marcher.

Un autre connaisseur commente un classique de la conversation au premier rendez-vous, « au cas où la fille n’ait pas l’idée de coucher avec vous » précise-t-il, c’est une occasion de lui rappeler que cette opportunité s‘offre à elle. Entre parenthèse, j’aurais tendance à dire que si l’idée de coucher avec toi est aussi inexistante dans la tête de la fille que de faire un headfucking au chien de la voisine, il est peut-être plus judicieux d’aller draguer ailleurs. Mais bon, toujours est-il que cet internaute conseille de lancer innocemment : « Je vois, t’étais plutôt sage étant petite et c’est maintenant que tu fais des bêtises.» Faire du sexe serait donc assimilé à exécuter un truc idiot pour lequel tu risquerais de te faire engueuler par une autorité quelconque et sans doute paternaliste… Ou suggère-t-il, malgré lui, que faire du sexe avec lui serait une belle connerie ?

La conclusion de cet article nous dit que, finalement, en matière de séduction tout est question de dosage. Je suis rassurée, j’avais imaginé qu’avec tous ces conseils les mecs deviendraient tous très très lourds mais en dosant bien ils pourraient bien se révéler seulement très lourds. Ouf.

P.S : maintenant que tu l’as fait rire et je ne sais par quel miracle, que tu l’as aussi mise dans ton lit, je te propose, pour aller plus loin, et dans la suite logique de la logique du coach, de jeter un œil par là pour savoir comment la tromper discrètement

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